Après des mois d’absence ponctuée de passages en coups de vent, Alain Juppé revient cette semaine dans son fief bordelais où il présidera dès vendredi un conseil de métropole.
Porté par le souffle de sondages favorables depuis près de deux ans, Alain Juppé, le vent dans les voiles, s’y voyait déjà en haut de l’affiche. Mais son rêve présidentiel s’est, en moins de deux semaines, brisé dans les urnes de la primaire de la droite et du centre. Battu sèchement dimanche soir lors du sprint préliminaire qui devait l’amener à combattre la gauche et le Front National dans la course à l’Elysée, l’ex-premier ministre de Jacques Chirac va reprendre ses habits de maire à plein temps, un retour aux sources salutaire pour un homme marqué par les joutes d’une campagne qui s’est révélée plus violente et cruelle qu’il ne l’avait sans doute imaginé. Violente dans son dénouement d’abord puisqu’ Alain Juppé en ressort avec la tête haute des humiliés, à l’issue d’un duel sans suspense très largement remporté par son rival François Fillon (66,5% des suffrages, contre 33,5%).
Bordeaux vote Juppé
Dure aussi la campagne en ce qu’elle a souligné très crûment les failles d’une stratégie politique que les sondages ont longtemps semblé adouber, reflet trompeur dans lequel le maire de Bordeaux s’est laissé piéger, convaincu qu’en filtrant son message dans l’adoucisseur de ses alliés centristes, il aurait cette capacité à rassembler toute la droite et l’opportunité de ratisser aussi sur sa gauche les déçus de François Hollande. Une copie rapidement mise hors sujet par celle, plus clivante, présentée par son rival François Fillon qui, forgeant son discours sous le marteau de l’ultra-libéralisme et sur l’enclume du conservatisme social et catholique, asseyait son programme sur de solides repères idéologiques. Un chant teinté d’un volontarisme radical qui a su faire monter la vague dans laquelle le camp Juppé a été balayé en quelques heures.
Si le plus dur commence pour Fillon, le retour à la réalité du quotidien et des dossiers locaux s’annonce, à terme, réparateur pour Alain Juppé : la ville qui l’a réélu trois fois depuis 1995, lui a encore renouvelé sa confiance à travers la primaire en lui accordant 70% des suffrages (60% à l’échelle de la Gironde). Dès jeudi, il reprendra du service au sein d’un bureau de la métropole, et présidera le lendemain une assemblée de la communauté urbaine.