Les parlementaires ont définitivement adopté la réforme territoriale qui associera, dès 2016, les régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin.
Près de 600 kilomètres du nord au sud entre Bressuire et Pau, 300 km d’ouest en est, entre Royan et Tulle. Voilà, grosso modo, l’envergure de la nouvelle super-région Aquitaine accouchée par la réforme territoriale de François Hollande. Ce découpage vise à diminuer le nombre de régions en métropole, de 23 à 13. L’objectif est économique mais le concept est proche de la vision défendue par l’UE qui souhaite s’appuyer sur des régions fortes, à l’exemple des Länder allemands.
Dans sa nouvelle configuration, la future région Aquitaine sera, en superficie, la plus grande de France avec Rhône-Alpes/Auvergne. On l’a dit, elle va regrouper l’Aquitaine historique avec ses cinq départements et Bordeaux pour locomotive (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantique), le Limousin (Corrèze, Creuse, Haute-Vienne avec Limoges) et tout le Poitou-Charentes (Angoulême, La Rochelle, Niort et Poitiers).
La blague de Bayrou
Du nord au sud, les avis sont partagés : le maire de Bordeaux, ce découpage permettra l’émergence de grandes métropoles aux pouvoir étendus. Sa ville en sera évidemment une, au détriment de Poitiers et Limoges qui vont perdre leurs suprématies régionales. Plus au sud, François Bayrou, maire de Pau parle d’une « improvisation loufoque » et dénonce la création de la super-région Aquitaine qui, avec ses « 1 300 kilomètres de frontière, constituera un territoire incohérent, sans culture commune ». Le leader centriste a été jusqu’à se faire le relais d’humoristes qui qualifient déjà cet ensemble d’Apoil, acronyme d’Aquitaine POItou et Limousin.
Plus globalement, il juge vains les objectifs économiques promis par cette réforme, estimant que plus « une région est grosse, plus il faut embaucher de fonctionnaires pour l’administrer ». Les habitants des trois régions ne sont pas loin de penser comme lui. Dans une enquête réalisée fin novembre pour Le Populaire du Centre, La Montagne et Sud Ouest, 45% des sondés pensent que ce regroupement permettra de « réduire les coûts de fonctionnement des collectivités locales », et 58% redoutent une « hausse des impôts ».
Toutefois, 57 % se disaient favorables à cette fusion (60% en Limousin, 59% en Poitou-Charentes et 55% en Aquitaine). 25% affirmaient, en revanche, être en total désaccord avec ce projet.