La décision a été rapide (c’est le cas de le dire) : la liaison qu’assurait Air France vers l’aéroport sud de la capitale ne sera pas relancé.
Après les annonces de l’Etat sur la réorganisation des vols intérieurs couverts par la compagnie Air France, la nouvelle était attendue et redoutée par certains élus locaux (ceux de l’ancienne majorité municipale en tout cas, emmenée par Nicolas Florian). Mais sans doute pas dans un délai aussi court : à Bordeaux Mérignac, l’arrêt de la connexion à Paris-Orly prend effet immédiatement.
Cette ligne, interrompue depuis plusieurs mois en raison de la crise sanitaire, ne sera donc pas remise en service (elle devait l’être dans les prochains jours). Le coup est rude pour les 560 000 voyageurs qui, depuis la capitale girondine, l’empruntaient chaque année pour se rendre à Paris. De quelles alternatives disposent-ils dorénavant ? Le train qui, depuis l’ouverture de la LGV, rallie le cœur de l’Ile-de-France en un peu plus de 2 heures. Ou l’avion, mais avec un débarquement au nord-est de Paris, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, un vol encore assuré par Air France.
La solution terrestre (et ferroviaire) est l’argument utilisé par l’Etat pour justifier la fermeture de courts-courriers :partout où le train garantit une desserte en moins de 2h30 entre deux villes du territoire national, la ligne aérienne correspondante n’a plus lieu d’être.
Cette mesure, présentée comme un virage environnemental n’est pas dénuée -pour autant – de considérations économiques, loin de là : certains de ces vols intérieurs, concurrencés par les trains ou les cars, n’atteignaient pas leur seuil de rentabilité. Or, l’Etat va injecte 7 milliards d’euros pour sauver « Air France ». Dans les petits papiers de Bercy, la restructuration de l’offre proposée par la compagnie tricolore faisait partie des équations à poser…et à résoudre.
En Gironde, l’arrêt du Bordeaux-Orly était dans l’air depuis un certain temps : le 18 mai dernier, le président du Conseil régional Alain Rousset et le maire de Bordeaux Nicolas Florian (battu dimanche par l’EELV Pierre Hurmic lors du second tour des municipales) s’étaient associés au président de Bordeaux Métropole, au maire de Mérignac et à la CCI Bordeaux Gironde, dans une lettre commune adressée au Premier ministre Edouard Philippe dans laquelle ils réclamaient le maintien d’un « service aérien suffisant entre Bordeaux Mérignac et Orly ».
Aujourd’hui, l’ensemble de ces élus dénoncent une « absence de concertation » et une décision unilatérale qui va conduire à la fermeture de la navette.
Pour rappel, le gouvernement a précisé que le créneau laissé libre par Air France ne pourrait être repris par aucun de ses concurrents, y compris sur le marché low cost.