Après des semaines de retenue, le maire de Bordeaux, interrogé au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, impute la défaite de la droite à la « personnalité » et au programme de François Fillon.
Il n’aura fallu que quelques heures à Alain Juppé pour régler ses comptes avec François Fillon, éliminé dimanche du second tour de l’élection présidentielle. Les relations entre les deux hommes s’étaient déjà distendues pendant la campagne des primaires de la droite, à l’issue desquelles le député sarthois l’avait largement emporté (66,4%, contre 33,6%). Leur discorde s’était aggravée l’hiver dernier après la mise en examen de François Fillon, soupçonné de détournements de fonds publics et recels d’abus de biens sociaux, période confuse au cours de laquelle l’hypothèse d’un désistement en faveur de Juppé avait été posée par les cadres du parti Les républicains, sans succès.
Interrogé lundi matin devant l’Hôtel de Ville qu’il dirige, Alain Juppé est sorti de son silence, cinq jours après s’être affiché sans enthousiasme au côté du candidat LR au siège parisien de l’entreprise Deezer, dans la dernière ligne droite de la campagne électorale.
Sans détour, l’élu bordelais a imputé la défaite de son camp à « la personnalité » de François Fillon et à sa « ligne politique ». Et d’ajouter que « la question est de savoir si demain il y aura à droite une composante humaniste, libérale et européenne qui pourra peser pleinement son poids ».
Le 6 mars dernier, Alain Juppé avait dénoncé « la radicalisation d’un noyau de militants et de sympathisants » autour du candidat officiel » et regretté « l’obstination et le système de défense » de ce dernier « fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot « médiatico judicaire orchestré depuis l’Elysée.